Origines et influences – l’art sacré au fil de l’histoire corse

L’art pictural religieux en Corse est intimement lié à l’histoire mouvementée de l’île. Dès le Moyen Âge, les églises rurales et les couvents servaient de foyers de création artistique, majoritairement à travers les fresques murales, les retables et les tableaux votifs. L’influence principale vient d’Italie — notamment de Toscane, de Gênes et de Rome — en raison des liens étroits de la Corse avec ces régions à travers la domination pisane puis génoise.

Le baroque, en particulier, a laissé une empreinte forte : dorures, exubérance des formes, expressions dramatiques. Cette esthétique s’est fondue avec une simplicité propre aux traditions corses, créant un art religieux à la fois expressif et humble. On retrouve aussi des influences espagnoles et provençales dans certaines œuvres, reflet des multiples dominations et échanges méditerranéens.

Œuvres majeures et lieux emblématiques à découvrir

Parmi les chefs-d’œuvre de l’art religieux corse, plusieurs tableaux et retables se démarquent :

  • Le retable de la Vierge du Rosaire à La Porta, œuvre monumentale de l’école génoise, datant du XVIIe siècle.
  • Les fresques de l’église San Michele di Murato, emblématiques de l’art roman pisan avec une richesse iconographique unique en Corse.
  • La chapelle de Santa Cristina à Valle-di-Campoloro, où des fresques du XVe siècle représentent des scènes bibliques rares en Corse.
  • L’église Saint-Dominique à Bastia, qui abrite plusieurs œuvres peintes baroques restaurées, accessibles au public.

Les musées comme celui de Bastia, le Musée Fesch à Ajaccio ou le Musée de la Corse à Corte conservent également des pièces importantes provenant d’églises parfois en ruine ou inaccessibles.

Chapitre 3 : Retour aux sources – les rachats et le retour d’œuvres religieuses

Depuis les années 2000, un mouvement de réappropriation du patrimoine pictural religieux s’est amorcé. Grâce à des actions conjointes entre la Collectivité de Corse, des mécènes privés et des institutions comme la DRAC, plusieurs œuvres autrefois dispersées à l’étranger ou dans des collections privées ont été rachetées.

En 2018, une Annonciation du XVIIe siècle attribuée à un peintre génois, autrefois vendue à Paris, a été restituée à une église de la Castagniccia. D’autres tableaux, notamment des Vierges à l’Enfant, ont été retrouvés sur le marché de l’art à Rome ou à Marseille et réintégrés à leur lieu d’origine après restauration.

Ces initiatives marquent un véritable retour aux racines culturelles, et ravivent l’intérêt pour une période artistique longtemps négligée. Elles permettent aussi à de petites communes de redécouvrir et de valoriser leur patrimoine sacré.

Catégories : Peinture

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